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Pourquoi parler de capabilité plutôt que de capacité?

Publié le par Karl Berard

Pourquoi parler de capabilité plutôt que de capacité?

Sous wikipedia le terme « capabilité » est pris comme un néologisme-anglicisme issue de « capability » et signifie « capacité », « aptitude », « possibilité », etc. Dans les faits, capabilité est un concept d'Amartya Sen qui recouvre un champ sémantique plus étendu que celui de capacité. Sen (Repenser l’inégalité- 1992, Seuil) parle de « capabilité », comme l’ensemble des fonctionnements potentiellement accessibles à une personne, que ceux-ci soient réalisés ou non. En effet pour lui, « La vie est faite d’un ensemble de « fonctionnements » liés entre eux, composés d’états et d’actions. De ce point de vue, il est possible de se représenter l’accomplissement d’un individu comme le vecteur de ses fonctionnements » (manger suffisamment, être en bonne santé, être heureux, rester digne à ses propres yeux, prendre part à la vie de la communauté, etc.).

En raison de l’ambiguïté des concepts de Sen, il est utile de reprendre le cadre analytique des capabilités utilisant le même vocabulaire définit par Sophie Rousseau dans « Capabilité, risque et vulnérabilité ». En effet, « capabilité », « potentialité », « capacité » sont-ils trois termes qui veulent dire la même chose, ou la « capacité » et la « potentialité » sont ils des parties des « capabilités » ?

Toujours sur la base des capabilités de Sen qui adresse l’individu, Sophie Rousseau revisite le concept et aboutie à un cadre analytique détaillé et complet repris en partie ci dessous.

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L’espace des fonctionnements

L’espace des fonctionnements est défini par Sen (Commodities and capabilities, 1985 Amsterdam North-Holland) par tout ce qu’il est possible de faire dans la vie, toutes les façons d’être et d’agir des individus. Les fonctionnements peuvent aller des plus élémentaires (être bien nourri, être cultivé, avoir un certain confort de vie, être bien chauffé, etc.), à certains accomplissements très complexes et subtils (rester digne à ses propres yeux, être en mesure de prendre part à la vie de la communauté, appartenir à un certain statut social, etc.).

L’espace des fonctionnements, que nous appellerons F, regroupe donc toutes les possibilités d’être et de réaliser des individus en tout lieu et en tout temps. Ainsi chaque individu aura le même espace des fonctionnements, il est universel à tous quelque soit le lieu et l’époque.

Certains vecteurs des fonctionnements seront inhérents à tous les individus. Par exemple, en tout lieu et en tout temps, les individus ont cherché à se nourrir suffisamment, à se chauffer, à se soigner. Les besoins essentiels sont un ensemble de vecteurs de fonctionnements que les individus chercheront toujours à atteindre à des degrés plus ou moins grands : ce sont des vecteurs de fonctionnements incompressibles.

Ensuite, suivant les lieux et les époques, les individus chercheront différents vecteurs de fonctionnements. En effet, les sociétés, les communautés et l’environnement auxquels les individus appartiennent, déterminent très différemment ce qu’il est possible de faire ou non.

Ainsi, pour connaître toutes les possibilités qui s’offrent à un individu à un certain moment, nous devons introduire le concept de capabilité.

Les capabilités

Les capabilités définissent les différents vecteurs de fonctionnements qu’il est possible de mettre en oeuvre à une époque et un lieu donnés (Well Being and Capability, in Nussbaum et Sen, 1991).

Les capabilités ont des niveaux différents selon les individus, d’une part, du fait de la diversité humaine : les êtres humains diffèrent entre eux de bien des façons. D’abord par leurs caractéristiques externes et leur environnement (certains vivent dans des environnements plus hostiles que d’autres), par leur dotation initiale en capital, par l’organisation sociale et culturelle dans laquelle ils évoluent, mais également par la diversité de leurs traits personnels (âge, sexe, aptitudes physiques et mentales, etc.).

A l’intérieur du concept de « capabilités », nous pouvons distinguer deux sous-notions : les « capacités » et les « potentialités ».

Les capacités désignent le fait d’être capable de faire quelque chose (« doing »), grâce notamment aux caractéristiques personnelles des individus et des opportunités sociales, et les potentialités désignent le fait d’en avoir les moyens (« being »), au travers des dotations en capitale des individus (financier, physique, humain, sociale).

Pour analyser les capabilités, nous distinguons non seulement les potentialités, donnant les moyens aux individus vulnérables de faire face à l’adversité, mais aussi leurs capacités de tirer profit de leurs potentialités pour résister aux chocs négatifs et de remonter la pente.

…]

Dans un registre similaire, Une caractéristique de la pensée de Ricoeur est l’accent porté dans ses recherches sur la thématique de « l’homme capable ». Ce qui est d’abord constitutif du soi, ce sont ses diverses capacités, que Ricoeur regroupe sous la catégorie générale de l’agir .

[... La saisie réflexive de soi est à chaque fois contemporaine de l’expérience d’un « je peux » sous une forme spécifique : pouvoir dire, pouvoir faire, pouvoir raconter et se raconter, pouvoir de se tenir soi-même comme l’auteur de ses propres actes.

Le soi n’est donc pas autre chose que le qui de l’action (sous ses différentes formes) approché réflexivement et par le détour de l’analyse....]

En introduisant une analogie à ces analyses au travers d’une recherche des caractéristiques propre à définir la liberté du fonctionnement d’une organisation et à faire face aux événements, j’estime possible de poser maintenant l’idée d’ « organisation capable » et d’associer le concept de capabilité développée en philosophie aux sciences des organisations où elle invoque pas seulement la notion de capacité déjà familière, mais aussi celle de potentialité telle que vu plus haut. Cette dernière sera très intéressante à mettre en perspective avec celle de la vulnérabilité telle que Martha Nussbaum l’a abordé dans sa définition des capabilités humaines. Nous aurons donc l’occasion de développer et de rattacher toutes ces notions à nos réflexions sur :

- le fonctionnement organisationnel, les termes de création de valeur et de distribution/répartition de richesse, d’intégration sociale et sociétale, de complexité, d’évolution, de développement des ressources,…

- les capacités organisationnelles, les termes d’aptitude, de compétences, de comportements, de maturité,…

- les potentialités organisationnelles, les termes de risque, d’adéquation, d’incertitude, d’adaptation, de résilience, d’apprendre à apprendre,…

Tous propres à définir et mesurer le niveau d’agilité d’une organisation à mener ces missions entrepreneuriales.

Sur le prochain billet j'essaierais une première identification des enjeux que le concept de « capabilité organisationnelle » peut servir à résoudre.

Why to speak of capability rather than capacity?

 

Under French wikipedia the term « capabilité » is taken as a neologism-anglicism outcome of « capability » and means « capacity », « ability », « possibility », etc. In facts, capability is a concept of Amartya Sen which covers a semantic field more vast than the capacity one. Sen (Inequality reexamined, Harvard University Press,1995) speaks « capability », as all the potentially accessible functionings for one person, that these are or not realized. Indeed for him, " The life is made of a set of « functionings » bounded between them, consisted of states and actions. From this point of view, it is possible to represent itself the fulfillment of an individual as the vector of its functionings » (to eat enough, to be healthy be happy, to remain deserving with the own eyes, to take part in the life of the community, etc.).

Because of the ambiguity of the concepts of Sen, it is useful to resume the analytical framework of capabilities using the same vocabulary defined by Sophie Rousseau in « Capabilité, risque et vulnérabilité ». Indeed, « capability », « potentiality », « capacity » they are three terms which mean the same thing, or the « capacity » and the « potentiality » are parts of « capability »?

Always on the basis of the capabilities of Sen which sends the individual, Sophie Rousseau revisits the concept and ended in a detailed and complete analytical framework resumed partially here below.

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The space of the functionings

The space of the functionings is defined by Sen (Commodities and capabilities, on 1985 Amsterdam North-Holland) by all which is possible to make in life, all the manners be and act of individuals. The functionings can go of the most elementary (be fed well, be cultivated, to have certain comfort of life, to be warmed well, etc.), in certain very complex and subtle fulfillments (remain deserving with the own eyes, be capable of taking part in the life of the community, of belong to a certain social status, etc.).

The space of the functionings, which we shall call F, gather all the possibilities of being and to realize of individuals in any place and any time. So every individual will have the same space of the functionings, he is universal to all whatever the places and the periods.

Certain vectors of the functionings will be inherent to all the individuals. For example, in any place and any time, the individuals tried to feed enough, to warm, to look after themselves. The essential needs are a set of vectors of functionings for which the individuals will always try to achieve more or less big degrees: they are vectors of incompressible functionings.

Then, according to places and periods, the individuals will look for various vectors of functionings. Indeed, societies, communities and environment to which the individuals belong, determine very differently what it is possible to make or not.

So, to know all the possibilities which offer themselves to an individual at the certain moment, we have to introduce the concept of capabilité.

Capability

Capabilities defines the various vectors of functionings which it is possible to operate in a period and a place given (Well Being and Capability, in Nussbaum and Sen, 1991).

Capabilities have different levels according to the individuals, on one hand, because of the human diversity: the human beings differ between them of many manners. At first by their external characteristics and their environment (some people live in environments more hostile than others), by their initial endowment in capital, by the social and cultural organization in which they evolve, but also by the diversity of their personal features (age, sex, physical and mental capacities, etc.).

Inside the concept of « capabilities », we can distinguish two sub-notions: « capacities » and « potentialities ».

Capacities appoint the fact of being capable of making something (« doing »), due to personal characteristics of the individuals and the social opportunities, and the potentialities appoint the fact of having the means of it (« being »), through the endowments in capital of the individuals (financial, physical, human, social).

To analyze capabilities, we distinguish not only the potentialities, giving the means to the vulnerable individuals to face adversity, but also their capacities to benefit from their potentialities to resist the negative shocks and to catch up.

…]

In a similar register, A characteristic of the thought of Ricoeur is the accent concerned in its researches the theme of « the capable man ». What is at first constituent of the one-self, those are his diverse capacities, that Ricoeur groups under the general category to act.

[...The reflexive seizure of one-self is every contemporary time the experience of an « I can » under a specific shape: be able to say, be able to make, be able to tell and tell, be able to hold oneself  as the author of his own acts.

Thus, the one-self is not somebody else than the who of the action (under its various forms) approached réflexivement and by the bend of the analysis....]

Finally, making an analogy for these analyses through a search for the characteristics appropriate to define the freedom of the functioning of an organization and to face the events, I consider possible to raise now the idea of « capable organization » and to associate the capability concept developed in philosophy into the sciences of the organizations where it calls not only upon the already familiar notion of capacities, but also upon that potentiality such as seen earlier. The potentiality one will be very interesting to put in perspective with the vulnerability such as Martha Nussbaum approached on his definition of the human capabilities. We shall thus have the opportunity to develop and to connect all these notions with our reflections on:

- The organizational functioning, the terms of value creation and distribution / distribution of wealth, social and societal integration, complexity, evolution, development of the resources, …

- The organizational capacities, the terms of capacity, skills, behavior, maturity, …

- The organizational potentialities, the terms of risk, adequacy, uncertainty of adaptation, impact strength, to learn to learn(teach), …

All appropriate to define and measure the level of agility of an organization to lead these entrepreneurial missions.

Next ticket will cover the attempt a first identification of stakes that the « organization capability » concept will allow to resolve.

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M
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D
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